What Ever Happened to all the Old Racist Whites from those Civil Rights Photos?

This is so true, including outside of the US!

AfroSapiophile

What ever happened to those white folks from those old photos?

A few months ago from this day of publishing, I had an interesting discussion with a white guy at work.  The subject of riots came up.  Pretty much, he attempted to place a mass association of « riots » to Black Lives Matter protesters.  Fascinated with his thoughts (which severely lacked critical thinking), I threw him a critical thinking question:

« Do you think that Black Live Matter protesters, command riots? »

I had to repeat the question because he was in total shock, as if he had walked from a train wreck, because he didn’t expect to engage in critical thinking.

detroit_race_riots Do you think MLK changed this white man’s bigoted social ideology?  Any of them?

He answered no, which was smart; they do not command riots to occur.  It’s a bit stupid to suggest such.  While he did concede the point that…

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CÉSARS, CRÉATION, INDÉPENDANCE ET RADICALITÉ

Depuis quelques jours, les débats font rage concernant les Césars : faut-il ou non se réjouir lorsqu’une institution dont le racisme et le sexisme systémiques ne sont plus à prouver (dois-je rappeler qu’il s’en est fallu de peu pour que Polanski soit maître de cérémonie ?) choisit de nominer et récompenser des films réalisés par des femmes racisées ?

Et je réalise que cette question efface bon nombre de débats/enjeux essentiels et complexes qui la compose :

1) Quelles sont les narrations qui ont le droit de cité (comprenez qui peut recevoir des financements institutionnels et pour quels types de récits) ?

En France, peu importe la qualité et la probité du travail final, comme je l’explique depuis maintenant de nombreuses années (voir mes articles : Les minorités doivent exiger plus que la représentation sur scène et  Le nerf de la guerre ou la guerre des nerfs, la politique de financement du CNC ), pour les racisé.e.s, hors de la banlieue, de la migration, de la bi/polygamie, du mariage forcé, de la prison et de l’excision, point de salut. Ce qui continue de donner un statut d’exception à Rue Cases-Nègres , le film d’Euzhan Palcy, c’est son caractère de fresque historique, qui sort de la dichotomie banlieue/immigration, même s’il s’agit quand même des « questions noires ». Il est donc vrai que nous ne pourrons parler de révolution et de transformation structurelle que lorsque :

a/ nous aurons accès aux vraies tunes. Perso, je ne veux pas les aides pour la « diversité », je ne fais pas de « films de la diversité », je fais des films et je veux le vrai argent. Mais au-delà des conditions matérielles de production se cache un autre enjeu : celui de notre accès à l’universalité.

b/ QUAND POURRONS-NOUS RECEVOIR DES FINANCEMENTS POUR DES FILMS QUI NE SOIENT NI DES COMÉDIES, NI DES ÉNIÈMES EXPLORATION DE NOTRE ALTÉRITÉ? QUAND POURRONS-NOUS SIMPLEMENT RACONTER DES HISTOIRES SIMILAIRES À « PARIAH » ; « MOONLIGHT » ; « MO BETTER BLUES » SANS SE RUINER?  À savoir, combien de temps faudra-t-il attendre pour que les institutions des pays dans lesquels nous payons des impôts nous donnent les moyens de réaliser des drames, des films sur la vie, qui se trouvent juste être des vies de personnes racisées. En effet, je suis certaine que ces scénarios sont déjà arrivés jusqu’au CNC et depuis belle lurette, mais un drame familial concernant une famille noire, s’il n’est pas réalisé par Claire Denis, finira à la poubelle car pas assez universel. Par contre, un film sur des filles de banlieue, qui si possible se termine mal, passera au moins la première phase de sélection. Ce tropisme de la représentation tolérable des racisé.e.s doit être adressé et combattu. Mais ce ne sont pas les artistes racisé.e.s qui en sont à l’origine, c’est le pouvoir, les institutions et la marge de manœuvre et la conformation à ces standards par celles et ceux qui n’ont pas les moyens de faire des films « Guerilla » -je développe ce point dans la partie 3)- doivent être pris en compte lorsqu’on les critique. Je remarque en effet que les attaques partent plus vite en direction des racisé.e.s que du CNC et des boites de production, hors c’est là que se prennent les décisions.

2) Ceci nous amène à l’enjeu de la critique des œuvres des racisé.e.s.

En effet, doit-on au nom de l’unité communautaire, ne pas critiquer les films réalisés par les personnes qui nous ressemblent ; ou doit-on rester fidèles à sa ligne politique et défourailler à tout-va ? Une fois de plus, je prendrai mon exemple pour ne pointer personne du doigt et rappeler que rien n’est simple lorsque l’on essaye de concilier idéaux politiques et actions. C’est aussi en tant que réalisatrice de films, ayant une relative visibilité médiatique que je m’exprime. À l’époque où j’étais uniquement militante inconnue, mon positionnement était différent, car il n’avait pas les mêmes conséquences. Critiquer publiquement, même de façon constructive le travail les unes des autres, me semble par rapport à ma situation actuelle et à ce stade de notre présence dans le monde audiovisuel, contre-productif. Je l’expliquai déjà en 2015, je suis pour l’émulation pas la compétition. Lorsque nous serons plus de dix réalisatrices noires en France et que nous aurons l’équivalent des « Cahiers du Cinéma », je serai ravie de produire des critiques de nos films, sans complaisance. Mais pour appartenir, de loin, à ce milieu qui ne fait pas de cadeau aux racisé.e.s, en particulier lorsque ce sont des femmes, je ne souhaite pas me retrouver dans une logique de compétition car nous sommes trop peu nombreuses.

Je l’ai déjà expliqué par le passé : dans la mesure du possible, à moins qu’il ne s’agisse d’actions qui doivent être condamnées (ex : les agressions sexuelles par Bill Cosby) ou de films vraiment abusés (ex : Intouchables), je ne critique pas publiquement les artistes racisé.e.s et leurs œuvres/choix d’apparition (surtout parce que dès lors qu’on est pas Omar Sy, il faut bien manger -quand j’étais comédienne, j’ai fais des trucs dont je suis vraiment pas fière). C’est mon choix actuel, me connaissant, je changerai surement d’avis. J’émets néanmoins parfois des réserves, comme lorsque j’ai expliqué que je ne me retrouvais pas dans la dimension nationaliste de films comme « Trop Noire pour être française » ou quand j’ai relevé la énième transposition d’une histoire vraie concernant un homme arabe bienveillant/résilient dont le rôle est donné à un homme noir comme pour « l’Ascension ». Vous noterez que ces critiques concernent moins les personnes que la nécessité de révéler les mécanismes de ce qui est considéré comme acceptable par les autorités/institutions qui attribuent les financements.

En ce qui concerne les artistes racisées, mon positionnement se résume ainsi : je ne parle pas des films que je ne cautionne pas et/ou je me centre sur les personnes plutôt que leur œuvre afin de souligner par exemple que je soutiens les réalisatrices racisées, même si je ne suis pas d’accord avec toutes, qu’il s’agisse de leurs choix esthétiques et/ou politiques. J’opère également un traitement différencié, moins critique vis-à-vis des cinéastes indépendant.e.s (qui ne sont pas financé.e.s par le CNC) que des autres, ce qui m’amène au 3ème point.

3) L’INDÉPENDANCE ET LA NON-CONFORMATION AUX NARRATIONS ACCEPTÉES PAR L’ÉTAT ET SES INSTITUTIONS ONT UN COÛT.

J’expliquai récemment lors d’un débat autour de mon film à la Maison d’Haïti de Montréal que j’étais épuisée, au bord de la faillite et que faire un « film guerilla » avait un coût moral et financier dont je n’avais pas conscience au début du projet. Je suis incapable aujourd’hui, en toute honnêteté, d’affirmer que j’aurai quand même fait ce film si on m’avait expliqué dans quel état je serai 3 ans plus tard. Stéphane Martelly, auteure et poète haïtienne qui animait le débat m’a alors demandé malicieusement : « Est-ce que tu es en train de nous dire que tu payes ta dette de l’indépendance ? ». Nous avons beaucoup ri, pas parce que c’est drôle « haha ! », mais parce que c’est tellement triste et vrai de voir comment l’histoire se répète qu’il vaut mieux en rire.

En effet, si ce texte mentionne constamment l’argent, c’est qu’il s’agit bel et bien du cœur du problème : aujourd’hui en France, si vous êtes racisé.e et que vous voulez recevoir de l’argent des institutions pour faire un film, VOUS DEVEZ VOUS CONFORMER À CE QUI EST ACCEPTÉ. Donc : la banlieue et l’immigration. Faites une liste des films primés et/ou financés, le cœur de la narration est systématiquement l’un de ces deux pôles. Et je le répète, même si la qualité est au rendez-vous, cinématographiquement, il n’empêche que la similitude des toiles de fonds de films représentant les racisé.e.s est consternante. Je ne suis pas naïve et je sais bien que certain.e.s racisé.e.s n’ont aucun scrupules à renforcer les stéréotypes sur les Noir.e.s et les Arabes, tant que cela leur permet d’intégrer le sérail. Mais je sais aussi que pour la plupart de ces personnes, il s’agit moins de vouloir « plaire au Blanc.he.s » que d’arriver à faire et diffuser des films, dussent-elles faire des concessions et réécrire leur film jusqu’à ce qu’ils deviennent stéréotypés/acceptables/finançables.

C’est parce que je refuse de me faire charcuter mes histoires que je n’ai pu porter aucun des projets précédant Ouvrir La Voix à l’écran. Et c’est parce que je suis une privilégiée par association (c’est-à-dire en couple avec une personne qui finance mon indépendance, une oxymore comme on en fait pas, si je suis « soutenue » par mon conjoint, peut-on vraiment parler d’indépendance ?) que j’ai pu faire un « film guerilla ». Entendons-nous bien, l’indépendance, surtout si elle a pour ambition la sortie en salles, coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros : quel.le racisé.e français.e peut se le permettre aujourd’hui ? Réponse : 4 ou 5. Rachid Djaïdani a mis 9 ans pour faire Rengaine  ; Djinn Carrénard et Salomé Blechmans ont fait Donoma avec « 150 euros » -si on ne compte pas la masse salariale de toutes les personnes, des technicien.ne.s aux actrices.teurs qui ont bossé gratuitement sur ce film, cela pose donc une autre question, celle de la dé-professionnalisation du cinéma fait par les racisées, ce que je considère comme un autre outil institutionnel de notre marginalisation (nous sommes forcé.e.s de faire des films avec nos tunes et en faisant appel à des bénévoles, de fait, quand nous demandons l’agrément de production du CNC, nos films n’ont pas été réalisés dans les règles de l’art et ne peuvent être soutenus, même après réalisation)  ; « Ils l’ont fait » de Said Bahij, Khalid Balfoul, Rachid Akiyahou et Majid Eddaikhane a coûté 30 000 euros dont la majeure partie est sortie de leurs poches :

« Sur le site de financement participatif Ulule, ils ont récolté 5 414 euros pour acheter et louer du matériel. Des caméras, des objectifs, des micros – entre autres. Dans leur présentation, ils écrivent : « Un braquage de plusieurs centaines de milliers d’euros sans armes, ni otages. ». Le reste, ils l’ont sorti de leur poche, promo y compris, en créant une boîte de production. L’avant-première à Marseille a ainsi coûté 1 000 euros. »

Je n’ai pas encore fait les calculs exacts pour Ouvrir La Voix, mais on en est au moins à 20 000 euros de notre poche (« on », c’est moi et mon conjoint qui venons de monter une boite de production et distribution afin de pouvoir distribuer le film). Ça c’est avant la sortie en salles qui va nous coûter au moins 10 000 euros (attaché.e de presse ; affiches, copies de DCP, envois de DCP, locations de salles pour projection presse, etc.). La « dette de l’indépendance » donc et sans aucune assurance d’avoir un retour sur investissement. Le militantisme/la radicalité ne payent pas, il ruinent.

4) C’est pourquoi je fais preuve d’empathie vis-à-vis des racisé.e.s de l’industrie.

Tout le monde n’a pas les moyens de faire des films avec ses fonds propres et la « radicalité » surtout en art est le monopole des privilégié.e.s et/ou kamikazes qui ont la patience et l’endurance pour créer dans la marge, en privilégiant leur indépendance à leur subsistance. Je vous le dis tout de suite, je l’ai fais une fois et je ne le referai pas : j’ai 32 ans, pas une tune d’avance et tout ce qui rentre est engouffré dans le film. J’en ai assez d’être précaire, j’en ai assez de me sacrifier pour la communauté, j’en ai assez de payer deux fois car la TVA et les entrées en salles de tou.te.s les français.es financent le CNC et je dois quand même financer mon film avec mes tunes.

Si nous pouvons apprendre une chose des Afro-Américain.e.s, c’est que l’existence actuelle d’un véritable cinéma d’auteur.e.s noir.e.s vient d’une histoire de conformation/intégration lente des institutions hollywoodiennes. Beaucoup oublient qu’avant d’inventer le « guerilla filmmaking » , Melvin Van Peebles était un vilain militaire US, pilote pour la Air Force et qu’il a d’abord travaillé « for The Man » à Hollywood comme réalisateur de l’hyper problématique « Watermelon Man » , ancêtre du maudit « Agathe Cléry » et toutes les autres comédies moisies d’inversion des rôles. C’est l’année suivant Watermelon Man qu’il réalise Sweet Sweetback Badass Song. C’est parce qu’il a de l’argent de coté grâce à son passage à l’armée et à Hollywood (où il a aussi acquis un réseau) qu’il peut faire un film-pirate. LES CONDITIONS MATÉRIELLES DE PRODUCTION SONT AU CŒUR DES POSSIBILITÉS DE RÉVOLUTION (AU SENS DE TRANSFORMATION RADICALE DE LA SOCIÉTÉ).

C’est bien joli de kiffer le « Che » et de se rêver révolutionnaire, mais faut pas oublier qu’avant la révolution cubaine, le Che était un bourgeois… La liberté n’a pas de prix mais elle a un coût  que tout le monde ne peut pas assumer. Sans la carrière de « gentil noir du cinéma hollywoodien » de Danny Glover (plus grand mécène d’artistes Afro-américain.e.s) ; sans l’argent de celui dont on sait désormais qu’il fut un violeur en série (aka Bill Cosby) pas de Sweet Sweetback Badass Song auquel il a largement contribué financièrement ; sans Oprah Winfrey et tant d’autres, pas de cinéastes comme Ava Duvernay ou Dee Rees, car leur indépendance actuelle est le fruit du travail amorcé il y a près de 4 décennies par celles et ceux qui ont préparé le terrain (souvent dans la consensualité et l’apologie du capitalisme) pour qu’un jour, des cinéastes noir.e.s puissent juste raconter de bonnes histoires. Et même faire des films politiques distribués par Netflix.

5) Je dis souvent que c’est aussi un constat d’échec quand à mon parcours militant qui m’a donné envie de réaliser un film.

Depuis la mise en ligne des Extras d’Ouvrir La Voix, j’ai reçu plusieurs messages de professeur.e.s, d’éducatrices.teurs spécialisé.e.s, d’animatrices d’aumôneries, etc. qui utilisent mes vidéos en classe ou en foyer ou en aumôneries donc. Et je me dis que j’ai enfin trouvé le moyen de ne plus parler qu’aux seul.e.s convaincu.e.s, mais aussi d’arriver à toucher les jeunes qui étaient mon auditoire cible pour le film. Je continue de penser que les radicaux et le militantisme sont essentiels pour tirer le grand public vers une compréhension toujours plus accrue des ravages causés par le blantriarcat, l’hétérosexisme, la transphobie, le validisme etc. Mais pour avoir fait des interventions en collèges, je sais aussi que ces mots n’ont aucun sens pour des gamins de 5e, tout comme ils ne faisaient aucun sens pour mon père. On a besoin de trouver des ponts avec le grand public, d’autant qu’il ne faut pas se leurrer, tou.te.s les racisé.e.s/minoritaires/précaires ne sont pas hyper critiques du gouvernement et/ou du monde cinématographique. Pour les personnes qui ont besoin de « l’excellence noire » et qui croient dur comme fer à la « politique de respectabilité », voir des femmes noires reconnues par l’institution et qui font des discours politiques ouvre une possibilité de sortir de la dichotomie « mauvaise Noire militante » VS « bonne Noire intégrée ».

« On ne fait pas la Révolution en ayant raison tout.e seul.e » est une citation dont je ne connais pas la provenance, mais à laquelle j’adhère complètement. J’ai trop souffert d’appartenir à des milieux militants où tu es méprisée dès que tu ne coches pas toutes les cases de la radicalité : « Vegan. Check. Bois jamais de Coca. Check. Connais la différence entre genderqueer et gender fluid. Check. En fonction des appartenance politiques, adore ou conchie Beyoncé. Check. Chienne de la casse parce que si tu sors de la précarité tu deviens un suppôt de Satan, oups du capitalisme. Check. Etc. Etc. ». Pour infos : j’aime la viande surtout rouge et bien saignante ; je bois du Coca quand j’ai la gueule de bois ; je suis complètement paumée dans toutes les sous-catégories queer ; avant Lemonade, je ne trouvais aucun intérêt musical à Beyoncé mais l’évolution de son personnage public m’intéresse énormément ; enfin, j’ambitionne non seulement de gagner ma vie d’ici à mes 40 ans, mais si possible de vivre confortablement. Je suis donc une vendue et pas du tout « radicool ».

Plus sérieusement, je ne souhaite pas/plus reproduire cette violence liée à un capital culturel partagé par une minorité, qui bien souvent, au lieu d’expliquer dans la bienveillance ce qui est problématique dans tel ou tel propos/comportement, se contente juste de créer de nouvelles normes (celles des « vrai.e.s radicool » donc) et de te juger parce que tu t’épiles les jambes, donc t’es pas assez déconstruite/radicale. En faisant le choix de la création et de l’indépendance pour compléter mon parcours qui pour l’instant n’avait été qu’analyse et déconstruction, je me retrouve donc à aggraver mon cas d’exclue de la « radicoolitude » : je suis désormais PATRONNE !

Et oui, tu ne peux pas distribuer un film commercialement si tu n’as pas de boite de production/distribution, donc qui vient de monter une SAS de production dont elle est la Présidente et dont son conjoint est le Directeur Général ? BIBI !!! Je veux que mon film soit vu et là, deuxième concession, je dois obtenir un visa d’exploitation délivré, je vous le donne en mille… par le CNC ! L’institution qui a refusé de financer mon film donc. Comble de l’ironie, si ce dernier fonctionne en salle, le CNC recevra une bonne partie des bénéfices, mais je ne vais pas boycotter le CNC car sans visa d’exploitation, pas de sortie nationale. Je vais donc faire ma demande de visa d’exploitation et me conformer aux règles, car le rapport de pouvoir n’est actuellement pas en ma faveur. DANS CE CAS PRÉCIS, MA CRITIQUE DE L’INSTITUTION PASSE APRÈS MON DÉSIR DE MONTRER MON FILM AU PLUS GRAND NOMBRE. J’ai pas taffé gratos et à perte pendant 3 ans pour rien !

Où s’arrêtent donc les compromis ? Où commence la compromission ? Comment articuler une posture anticapitaliste à une carrière d’artiste qui ne fais pas de concessions sur le fond ni la forme de son travail au sein d’un système raciste qui me force à créer ma propre économie et donc à me lancer dans l’entrepreneuriat ? Quelle légitimité ai-je à attaquer celles et ceux qui composent avec l’institution quand je sais très bien que je n’aurai pas pu mener à bien mon projet de « guerilla filmmaking » si mon conjoint n’avait pas été un photographe qui non content de pouvoir me soutenir moralement, pouvait me soutenir techniquement et économiquement dans la réalisation de mon film ?

En conclusion, je dirai ceci :

Est-ce que la cérémonie des Césars hier soir a mis fin aux multiples problèmes systémiques (racisme, classisme, sexisme, validisme, transphobie, etc.) dans le cinéma français ? Évidemment que non.

Est-ce que des artistes qui se bouffent des portes et triment minimum trois fois plus que tout le monde depuis des années ont enfin récolté le fruit de leur travail ? Un peu –même si le chemin reste long et que je sabrerai le champagne quand on financera nos long-métrages de fictions non-stéréotypées.

Est-ce que des petites filles noires et arabes qui regardaient la télé hier soir se sont senties super fières et que des vocations vont voir le jour ? Définitivement oui.

Est-ce qu’il est possible de résumer les enjeux liés à la possibilité d’être des artistes racisé.e.s indépendantes et radicales en France, à la cérémonie des Césars ? Je ne pense pas.