ÉMULATION OU COMPÉTITION: APPRENONS À JOUER COLLECTIF

Je réalisais il y a peu que je me suis de nouveau laissée aller à un de mes vieux travers : le goût de la compétition. Il faut dire que pendant longtemps, c’est un désir revanchard qui m’a animée et sauvée de la dépression. Je voulais prouver que les enfants adoptés ne devenaient pas tous des cas sociaux, je voulais devenir l’opposé de mon frère et j’entrepris donc de réussir partout où il avait abandonné : la musique, le sport, les études. Je voulais prouver que non seulement les Noir.e.s n’étaient pas moins intelligent.e.s mais au contraire, être toujours la plus érudite et en tête de classe. Cette obsession de la revanche et de l’excellence m’a d’abord portée : j’ai pu sortir de ma campagne quand j’ai été « détectée » vers 12 ans et que je suis partie jouer au Bron Basket Club (BBC), enfin, la ville et la rencontre avec la NoirAbie.

Le basket m’emmena jusqu’aux États-Unis où je fis mon premier voyage en avion ET non accompagnée par mes parents pour rendre visite à la famille d’une amie dont le père, basketteur professionnel et longtemps mon mentor, avait décidé de me faire découvrir l’univers afro-américain. Comprenant que je n’excellerai jamais en musique, j’abandonnai au profit du basket, non sans avoir passé six années à pratiquer le solfège et trois années le cornet à pistons. Quand à l’école, je connaissais la consécration à 17 ans quand aussitôt le bac en poche, j’entrais à Sciences-Po Lyon. À cette époque, je jouais encore en Nationale 3, toujours au BBC et je découvris brutalement le côté obscur d’une vie basée sur la compétition : je ne faisais rien pour moi. Mon seul moteur était : contre le reste du monde ! Et ayant atteint la plupart de mes ambitions d’enfance, je me retrouvais complètement démunie.

Je ne savais ni ce que j’aimais vraiment, ni qui je voulais devenir. J’avais passé tellement de temps à chercher à (me) prouver ma valeur que je n’avais jamais songé à mes goûts et aspirations profondes. Peu après, je devenais majeure et allais voir mon dossier à la DDASS, ce qui acheva de me retourner le cerveau. Je réalisais que toutes mes connaissances, ma détermination et mon acharnement à dominer et transformer mon corps ne seraient jamais des distractions suffisantes. Comme tou.te.s les autres enfants né.e.s sous X avant moi, j’avais le cœur brisé.

Marianne Jean-Baptiste

Marianne Jean-Baptiste

Et malgré tous mes efforts pour (me) prouver que j’étais différente, je pétais les plombs. J’arrêtais le basket en compétition, me rasais la tête, entrais dans une longue période fêtarde à tendance auto-destructive, j’en passe et des pires. Commençait ainsi un long chemin de désapprentissage de ce qui m’avait d’abord aidée et commençait alors à me bouffer de l’intérieur : l’esprit de revanche et de compétition. Si je suis aujourd’hui capable de le formuler clairement, c’est (certes grâce aux séances chez le psy) mais aussi grâce à une vidéo d’une conférence d’Albert Jacquard. Vous l’aviez pas vue venir celle-là, hein?! Mon non plus, j’avoue. Dans cette conférence sur l’enseignement scientifique à l’école que je découvris en allant voir jouer un pote au théâtre, il y de cela deux ans, Albert Jacquard explique la différence entre l’émulation et la compétition et ce fut une des grandes épiphanies de ma vie (à partir de 37’01):

http://www.dailymotion.com/video/x9aimt_conference-albert-jacquard-2007_creation

« La compétition c’est rencontrer l’autre en ayant le désir de l’emporter sur lui, l’émulation c’est rencontrer l’autre en se disant, y’a des choses qu’il fait mieux que moi, et bien je vais lui demander de m’aider à les faire mieux que moi. C’est ça qui permet de s’améliorer soi-même.»

Cette notion de rencontre de l’autre plutôt que de domination de l’autre m’a changée la vie. Par exemple, dans le monde militant, les discussions visent plus souvent à convaincre qu’à faire évoluer notre propre façon de pensée. Il s’agit de prouver au camp opposé que l’on a raison et plutôt que d’écouter ce que les autres ont à dire ou voir comment cela peut s’intégrer ou non à notre propre pensée, on cherche avant tout à les dominer. On patiente jusqu’à notre tour de parole en préparant une réponse dont on espère qu’elle va clore le débat, ce qui est tout, sauf une rencontre. Et c’est une des raisons pour lesquelles je me suis tournée vers l’écriture et l’art en général. Mon travail artistique est politique en ce sens qu’il questionne la vie de la cité et qu’il me permet d’afficher ma subjectivité.

Mais ça reste une proposition, idem pour les articles de journaux, j’offre mes opinions, on est pas obligé.e.s d’adhérer. Ce qui me plait le plus dans l’art c’est la place laissée à l’interprétation, à la discussion et surtout au temps long. En ce qui me concerne, il est rare que j’aie des épiphanies brutales.

Epiphany

La plupart des opinions que je me suis forgées sont la conjonction de films, conférences, pièces de théâtres, discussions avec des ami.e.s, morceaux de musique, visites d’expos, voyages, etc. Et un jour, toutes ces expériences et bribes de réflexions s’agglomèrent, me permettant ainsi de faire ma propre opinion. C’est finalement ce à quoi j’aspire aujourd’hui: faire partie des multiples clics qui mènent au déclic -ou pas, dans 1 mois ou dans 10 ans, ça ne m’appartient pas et m’importe peu. Une œuvre, qu’il s’agisse d’un film, d’un texte, etc. n’a qu’une puissance de suggestion, c’est à la personne qui la reçoit de décider ce qu’elle en fait et c’est le type de rapports que je préfère désormais entretenir avec autrui.

Et si j’écris tout ceci aujourd’hui c’est que j’ai réalisé il y a peu que la précarité des conditions de réalisations de mon film m’a amené à retomber dans mes vieux travers. Car le goût de la compétition, c’est finalement l’expression d’une insécurité : la peur de ne pas y arriver, de ne pas être assez douée, de se voir dépossédée de son travail/de ses idées. Ces insécurités sont souvent fondées. Par exemple, j’ai été victime de plagiat concernant mon film ou des textes et j’ai aussi connu les tentatives d’OPA sur un scénario par une boîte de prod plus dotée en fonds et en avocats que moi, etc. Mais souvent (et c’est aussi mon cas), c’est le stress et l’angoisse de ne pas y arriver soi-même qui nous pousse à nous sentir menacé.e.s par le travail de nos consoeurs. Je pense que cette insécurité est renforcée par l’intériorisation de l’image du ou de la « Noir.e d’exception ».

THERE CAN BE ONLY ONE

THERE CAN BE ONLY ONE

Nous apprenons dès le plus jeune âge qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde, un « Harry Roselmack », une « Audrey Pulvar », une « Aïssa Maïga », une « Christiane Taubira »… Bref dans tous les domaines/métiers/grandes écoles, un.e Noir.e peut arriver à contourner le plafond de verre, mais pas plus, sinon ça devient communautaire ou « ghetto ». À titre personnel, je fus « la Noire » de ma promo à Sciences-Po Lyon, « la première Noire » de l’équipe d’agents d’accueil de l’Auditorium de Lyon -qui engageaient pour la 1ère fois une Noire et un Arabe après s’être faits taper sur les doigts pour leur manque de diversitayyy-, « la première serveuse noire » d’une brasserie chic dans le Marais, etc., etc.

Nous apprenons donc la concurrence intra-communautaire dès le plus jeune âge, si tu veux être « la Noire » de la boîte/école/série télé, évite d’être solidaire des autres Noir.e.s qui pourraient te piquer la seule place allouée à votre groupe. Pire encore, nous sommes si aliéné.e.s qu’une fois la porte passée, nous la refermons derrière nous, entraînant ainsi notre disparition programmée. Le principe même de la/le Noir.e d’exception, c’est qu’à la minute où vous êtes coopté.e par le monde blanc et acceptez de couper les ponts avec la communauté noire, vous êtes mis.e en position d’extrême précarité : soit vous jouez le jeu de la blanchité et rejoignez le camp de celleux qui « lavent plus blanc que blanc » pour conserver votre place ; soit vous serez évincé.e dès qu’un.e nouvelle Noir.e d’exception apparaitra sur le marché, car après vous être coupé.e de votre communauté, qui pour vous soutenir quand la blanchisserie n’est plus intéressée ?

Cette idée que faire nombre n’est pas une force mais une menace est au cœur de ce qui empêche la communauté noire française de s’imposer dans l’espace public et politique. Qu’on s’entende bien, je ne dis pas qu’on doit tout accepter de la part de la communauté parce que nous sommes Noir.e.s. Ce que je dis c’est que nous devons réfléchir à comment nous émanciper ensemble. Former des réseaux, des syndicats (dans le monde du ciné/spectacle par exemple), bref créer des coalitions qui nous permettent d’avoir voix au chapitre, pas parce qu’on est la dernière saveur exotique du moment, mais parce qu’on fait partie du paysage politique et qu’on possède des moyens de pression (le boycott par exemple, qui n’a d’intérêt que s’il est largement suivi).

Fatou Diome_France 2

Et c’est cette dimension de responsabilité vis-à-vis de la communauté que je souhaite remettre à l’ordre du jour chez les Noir.e.s qui ont du pouvoir, même minime, à commencer par moi. Il est des pratiques qui doivent cesser et d’autres dont on peut s’inspirer (car si je n’idolâtre pas les Etats-Unis, je dois reconnaître que les pratiques de solidarité intra-communautaire ont fait leur preuve chez les Afro-américains). Voici la liste que j’ai décidé d’appliquer : elle est non-exhaustive, va évoluer tout au long de ma vie et peut être adaptée en fonction des activités de chacun.e :

1) Je ne participe pas à la précarisation de ma communauté

Ce qui signifie que lorsqu’on atteint un certain degré d’autonomie financière et de confort dans sa vie (ce qui sera bientôt mon cas, je l’espère): on ne file pas des stages non-rémunérés aux sistas et aux bros ; on ne fait pas des événements à des prix d’entrée excluants, etc. Par exemple, pour mon film qui est fait en mode pirate -car je le rappelle : je suis une assistée, je n’ai pas d’argent à moi-, je n’ai sollicité que des personnes qui ne sont pas précaires puisque je leur demande de travailler gratuitement. J’ai fait ce choix bien qu’il me rende difficile mon second principe.

2) Je réalise des films avec une équipe paritaire et dans laquelle plus de 50% des technicien.ne.s, prod, etc. sont non-Blanc.he.s.

On s’en sortira ensemble et ça commence par on se sortira de la précarité ensemble. À compétences égales, je favoriserai systématiquement les non-Blanc.he.s, c’est ce que j’appelle : LES QUOTAS PAR LE BAS. Quand nous avons les moyens d’enrayer la discrimination à l’embauche, c’est à nous de donner la priorité aux nôtres.

3) Je demande à être interviewée par des journalistes non-Blanc.he.s

Toujours le même principe : faire travailler les membres de ma communauté ET confronter les rédactions à la blanchité de leurs équipes. LES QUOTAS PAR LE BAS

4) Je ne m’attribue pas et/ou ne participe pas à l’invisibilisation du travail des membres de ma communauté

Les bloggeuses, militant.te.s, chercheur.e.s, journalistes, non-Blanc.he.s, se font régulièrement voler leurs travaux et/ou exploiter. Donc quand j’écris un papier pour lequel je suis rémunérée (essentiellement Slate) et même pour mon blog, je prends soin de vérifier avant de publier si d’autres n’ont pas déjà abordées ces questions. Ainsi je peux les citer et contribuer à la reconnaissance de l’importance de leur travail. NOUS DEVONS CÉLÉBRER ET RELAYER LE TRAVAIL DES NÔTRES.

RAPPEL : Il y a de la place pour tout le monde et chacun de nos points de vue sont uniques, plus nous sommes nombreu.x.ses à aborder les mêmes sujets, mieux c’est !!!

5) Lorsque je suis invitée à prendre la parole, j’incruste d’autres non-Blanc.he.s

Quand on me contacte pour un événement/conférence/colloque, j’essaie d’incruster le plus de personnes concerné.e.s possibles dans le panel. Pas seulement parce que c’est plus cool d’intervenir avec des potes. Mais surtout pour empêcher la perpétuation du mythe de la Noire d’exception et dans mon cas, ne pas devenir « le visage de l’Afroféminisme » car les médias mainstream adorent réduire un combat collectif à des individualités.

6) Lorsque je suis invitée à prendre la parole pour un événement/conférence/colloque et que je ne peux pas participer : JE FILE LE PLAN À D’AUTRES PERSONNES CAPABLES D’INTERVENIR.

Même argument que précédemment.

7) I am my sister’s keeper

Lorsque je suis invitée à prendre la parole pour un événement/conférence/colloque, avec des plus jeunes/inexpérimenté.e.s dans la prise de parole publique, je m’assure qu’elles ne se fassent pas arnaquer. Le défraiement (transport et bouffe) est le minimum ; une conférence se prépare, c’est un travail, un travail mérite salaire, donc les interventions gratuites ne sont pas un dû et demander à être rémunérée n’est pas une incongruité, c’est NORMAL.

8) FUCK YOU, PAY ME

Je ne suis pas en quête de validation par le monde blanc, je ne suis pas Saint François d’Assises, bref, je ne travaille pas gratuitement : vous avez déjà accès à mon blog, mes articles sur Slate, mon FB, mon Twitter et bientôt mon film. Tout ça c’est déjà CADEAU. Ce n’est pas en me tapant dans le dos ou en m’envoyant des MP pour que je vous explique la vie que vous m’aidez. C’est en faisant votre part du boulot, en soutenant et diffusant mon travail et surtout en ne me demandant pas de travailler gratos pour vous.

Voici les quelques principes de bases que je m’efforce de suivre car comme le dit le proverbe « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Je suis la première à déplorer le manque de solidarité intra-communautaire et empêtrée que j’étais dans les soucis propres à mon projet, j’ai négligé ceux des autres. Et c’est cette constatation qui a motivé cet article donc l’heure est à la célébration des réalisatrices Afro-descendantes, de France et d’ailleurs!!!

Commençons par la seule réalisatrice (noire et française) de films de fictions et qui malgré (ou devrai-je dire grâce) à son talent a disparu du paysage audiovisuel français. J’ai nommé : EUZHAN PALCY ! N’est-ce pas emblématique de notre pays que celle qui gagna un César du meilleur film en 1989, pour « Rue Cases Nègres » :

ait poursuivi une carrière brillante aux États-Unis, tout en étant connue que d’une minorité en France ? Fait d’autant plus incroyable qu’elle est la première réalisatrice noire à avoir eu un long métrage produit à Hollywod. ET la SEULE femme à avoir dirigé Marlon Brando -dans Une Saison Blanche Et Sèche– film qui valut deux nominations à ce dernier, pour un Oscar et un Golden Globe. Il aura fallu la fantastique initiative de la grande réalisatrice et « joueuse collective » Ava Duvernay pour raviver les mémoires francophones sur l’existence et la grandeur de Mme Palcy, entre autres.

Ava Duvernay_Our narrative

En effet, le 27 mai, conjointement à la plateforme AFFRM (African American Film Festival Releasing Movement/ Mouvement Afro-Américain de diffusion de Films), Ava Duvernay a lancé un « Rebel-A-Thon, » de 12 heures. Il s’agissait d’une conversation entre 44 réalisatrices/réalisateurs issus de la diaspora Afro et leur public, dans le cadre d’une grande campagne pour améliorer la diversité dans l’industrie cinématographique. Cette initiative communautaire, d’échanges d’informations sur les techniques d’écriture, réalisation et production de films est une grande première. Et sur la page d’accueill d’AFFRM on peut lire : « TOGETHER WE ARE STRONG » (Ensemble nous sommes forts) car cette plateforme est financée par le public qui rend ainsi possible la diffusion des films réalisés par des auteur.e.s Noir.e.s. Si vous avez raté cette excellente initiative, vous pouvez lire ce Storify.

J’appréciais déjà Ava Duvernay avant, mais alors là, la réalisatrice de Selma a achevé d’entériner mon admiration et mon soutien pour sa personne. C’est donc dans l’esprit d’#ARRAY que je vous offre une séquence : CÉLÉBRATION DU TRAVAIL ACCOMPLI PAR MES SISTAS.

La réalisatrice noire et francophone dont j’admire le plus le travail est : ALICE DIOP. Elle est la réalisatrice de Les Sénégalaises et la sénégauloise et d’un de mes films préférés : La Mort de Danton. Un documentaire somptueux qui vaut tous les livres de sociologie sur le déterminisme social :

Il y a aussi les sœurs KANOR: VÉRONIQUE et FABIENNE dont je connais moins le travail, lacune que je m’engage à combler dès que j’ai un peu de temps.

Enfin, même si je ne m’inscris pas dans la mouvance négro-nationaliste et que je suis fermement opposée au recours systématique à la parole des « spécialistes blanc.he.s de la question noire », je salue le travail d’ISABELLE BONI-CLAVERIE: Trop Noire pour être française. Ce film sera diffusé sur Arte le 3 juillet et je sais d’expérience que s’il ne faisait pas une place importante aux Blanc.he.s, il aurait eu moins de chances d’être diffusé à grande échelle (la télévision française est loin d’être prête pour un film en non-mixité noire). Il est donc nécessaire que plusieurs voix s’élèvent sur les mêmes sujets et avec des approches différentes, puisque l’essentiel, c’est d’occuper le terrain. SOYONS DONC DEVANT ARTE LE 3 JUILLET !!!

Les réalisatrices noires d’Europe commencent à être beaucoup plus visibles et surtout à aborder les questions qui nous concernent, à commencer par la brillante Cecile Emeke, qui a commencé à exporter son concept « Strolling » en France, qui devient donc « Flâner » et si vous ne l’avez pas vu voici les liens :

Ep1:

Ep2:

Ep3 :

Ep4 :

Tout son travail est d’autant plus remarquable qu’elle s’est parallèlement lancée dans la fiction avec Ackee & Saltfish et qu’elle met aussi en vidéos des poèmes, c’est d’ailleurs l’oeuvre que je préfère :

Bref, une jeune réalisatrice Afro-descendante, britannique et qui met sons travail au service de la diaspora européenne (car il semblerait qu’elle va faire voyager Strolling dans toute l’Europe). Comment ai-je pu ne pas en parler pendant aussi longtemps ?!!! J’ai un peu honte, mais mieux vaut tard que jamais.

Amma Asante, toujours en Grande-Bretagne, a réalisé un film d’époque, avec costumes et tout le toutim intitulé : Belle. C’est une très belle adaptation d’une histoire vraie, celle de la fille métis «illégitime » d’un aristocrate anglais et de son émancipation au sein d’une société raciste et sexiste. Un savant mélange de politique et d’histoire d’amour, autant vous dire que mon côté fleur bleue a kiffé.

Voilà donc ce sur quoi je voulais m’arrêter car je rêve du jour où nous serons capables de nous retrouver, comme le font les réalisatrices et actrices noires lors de la semaine des Oscars et ce depuis plusieurs années, lors du dîner organisé par la comédienne Alfre Woodard

Black Women In Cinema Rock

Black Women In Cinema Rock

En ce qui me concerne, nous n’avons pas besoin de sponsors et des flonflons américains, ça pourrait complètement se faire autour d’un combo allocco/poulet 😉 Ce que j’admire et que j’envie c’est cette capacité à se rassembler et à célébrer nos accomplissements ENSEMBLE.

Je m’excuse encore d’avoir tant tardé et j’espère que de la même façon que je m’engage à être le changement que je veux voir dans le monde comme dirait l’autre, j’espère que notre communauté saura à terme s’inspirer des meilleurs traits de la culture Afro-américaine, à savoir, se serrer les coudes et célébrer le travail des nôtres. À quand un média afro-français pour proposer des listes de films réalisés par des femmes noires pour égayer votre samedi soir ?

12 réflexions sur “ÉMULATION OU COMPÉTITION: APPRENONS À JOUER COLLECTIF

  1. A reblogué ceci sur Chronik de Nègre(s) Inverti(s)et a ajouté:
    Prenez le temps qu’il faut, mais lisez ça !

    « Nous apprenons dès le plus jeune âge qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde, un « Harry Roselmack », une « Audrey Pulvar », une « Aïssa Maïga », une « Christiane Taubira »… Bref dans tous les domaines/métiers/grandes écoles, un.e Noir.e peut arriver à contourner le plafond de verre, mais pas plus, sinon ça devient communautaire ou « ghetto ». À titre personnel, je fus « la Noire » de ma promo à Sciences-Po Lyon, « la première Noire » de l’équipe d’agents d’accueil de l’Auditorium de Lyon -qui engageaient pour la 1ère fois une Noire et un Arabe après s’être faits taper sur les doigts pour leur manque de diversitayyy-, « la première serveuse noire » d’une brasserie chic dans le Marais, etc., etc.

    Nous apprenons donc la concurrence intra-communautaire dès le plus jeune âge, si tu veux être « la Noire » de la boîte/école/série télé, évite d’être solidaire des autres Noir.e.s qui pourraient te piquer la seule place allouée à votre groupe. Pire encore, nous sommes si aliéné.e.s qu’une fois la porte passée, nous la refermons derrière nous, entraînant ainsi notre disparition programmée. Le principe même de la/le Noir.e d’exception, c’est qu’à la minute où vous êtes coopté.e par le monde blanc et acceptez de couper les ponts avec la communauté noire, vous êtes mis.e en position d’extrême précarité : soit vous jouez le jeu de la blanchité et rejoignez le camp de celleux qui « lavent plus blanc que blanc » pour conserver votre place ; soit vous serez évincé.e dès qu’un.e nouvelle Noir.e d’exception apparaitra sur le marché, car après vous être coupé.e de votre communauté, qui pour vous soutenir quand la blanchisserie n’est plus intéressée ?

    Cette idée que faire nombre n’est pas une force mais une menace est au cœur de ce qui empêche la communauté noire française de s’imposer dans l’espace public et politique. »

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  2. Salut ! Super article . J’ai été choquée en regardant trop noire pour être française par le fait que l’affaire Guerlain ait avancée car les afro-américains ont fait peser la menace du boycott avons nous donc si peu de pouvoir bref tu as raison la solidarité est nécessaire !Pour les réals afro-européennes j’ai découvert sur un forum cette mini-série par l’ allemande Amanda Umuhire . l’ épisode qui m’a fait chialer .

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  3. Merci pour ton article, plein de nouvelles artistes à découvrir!! Hihi c’est excitant. Je vais faire un plus long tour sur ton blog je crois! (je suis arrivée ici via ‘le ciné est politique’). J’avais jamais entendu parler de Euzhan Palcy alors que j’ai tellement soif de films… bref merci pour la pilule bleue
    Combo allocco/ poulet, huhu.
    Ah et dernier truc, c’est pas du tout dans le sujet (cinéma j’entends), ça parle d’urbanisme (un peu) et du parcours d’une meuf (un peu plus) mais je me dis peut-être ça t’intéressera

    c’est long du coup voilà les passages les plus marquants: à 8:30, quelques minutes, à 34:15 et 50:30

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